Casque-turban

vers 1450-1500

Ce casque est l’un des plus beaux et des plus importants casques islamiques qui soient parvenus jusqu’à nous. Il a appartenu au peintre orientaliste Jean-Léon Gérôme, aujourd’hui considéré comme l’un des principaux représentants de la découverte des arts de l’Islam en Occident, à la fin du XIXe siècle. En 1903, le casque fut présenté à la première grande exposition consacrée aux « arts musulmans » à Paris, qui devient à l’époque le passage obligé des collectionneurs.
De forme bulbeuse et de taille exceptionnelle, le timbre, forgé d’un seul tenant, présente de larges cannelures torsadées, qui évoquent les plis du tissu d’un turban. Le camail, traversé par un nasal mobile, assurait la protection de la nuque, des oreilles et du visage. Au sommet un bouton servait à l’origine de support à une aigrette ornée de joyaux. L’objet appartient à un groupe de casques à décor de godrons verticaux ou de godrons en spirales, portés dans le monde persan et en Anatolie du XIVe au XVIe siècle. Leur forme inspirée des turbans des derviches et les inscriptions évoquent la mystique soufie, qui prône : « peu de sommeil, peu de nourriture, peu de paroles, introspection ». Longtemps considérés comme mamelouks, on leur attribue aujourd’hui une origine anatolienne, plus spécifiquement la tribu turcomane des Aq Qoyunlu, originaire de Diyarbakir. Connue sous le nom de son emblème les « Moutons blancs », elle étendit son pouvoir entre le XIVe et le XVe siècle sur une grande partie de l’Est de la Turquie, du Nord de l’Iraq, de l’Iran et de l’Azerbaïdjan.
Un nombre important de casques-turbans fut saisi comme butin de guerre durant la conquête du Caucase par les Ottomans. En 1839, après le démantèlement de la collection de l’arsenal par le Sultan Abd al-Majid, ils commencent à apparaître en nombre dans les collections européennes.