Vase à décor floral appliqué

vers 100 ap. J.-C.

L’amphore polychrome où chatoient un camaïeu de bleus et des tonalités dorées dans le décor végétal– très bel exemple des productions de faïence égyptienne du début de l’époque impériale romaine – se présente comme une conclusion à l’expansion des rituels ici envisagés. Par sa taille, son état de conservation ainsi que le décor de guirlande sur l’épaule, ce vase servait d’urne cinéraire. La couronne végétale et les bouquets sur la panse du vase renvoient à la coutume funéraire hellénistique de placer une couronne réelle ou en bronze doré autour des vases cinéraires. La tradition de la crémation est introduite en Égypte par les Ptolémées, à la suite d’Alexandre. Ce rituel de destruction des corps étonne dans une civilisation qui faisait de leur conservation absolue, depuis ses origines préhistoriques, un élément essentiel de son identité. Si le décor de glaçure et la couleur rappellent fortement l’héritage égyptien des faïences pharaoniques, la forme classique provient d’Égée et de Rome dans sa typologie. Le décor plastique évoque celui au repoussé de l’argenterie de même origine, plaçant ce vase dans la catégorie des vases de luxe qui affichent le statut social du propriétaire dans l’apparat de la maison, en l’accompagnant dans l’au-delà. Ces vases apparaissent comme des substituts moins onéreux des vases métalliques. Même si le lieu de création de cette pièce est difficile à identifier, la découverte de fragments en Basse Égypte et les éléments stylistiques que nous venons d’évoquer font de cette pièce une oeuvre symbolique de la mixité artistique propre à ce centre artistique que fut la Basse Égypte et la cité d’Alexandrie aux époques ptolémaïque et romaine.